L'arrĂȘt Association Elena rendu par le Conseil d'Ătat le 19 novembre 2021 suscite dĂ©jĂ l'attente fiĂ©vreuse des administrativistes. Sera-t-il retenu dans la prochaine Ă©dition des "Grands ArrĂȘts", ouvrage annuel de nature biblique qui explique aux Ă©tudiants Ă©blouis quelles dĂ©cisions du Conseil d'Ătat-protecteur-des-libertĂ©s-publiques doivent entrer dans l'histoire, et surtout ce qu'ils doivent en retenir ?Nous n'avons pas la rĂ©ponse Ă cette question brĂ»lante mais on constate d'emblĂ©e que l'arrĂȘt Association Elena, comme beaucoup de "Grands ArrĂȘts", ne prĂ©sente aucun intĂ©rĂȘt immĂ©diat. Un contentieux complexeIl s'inscrit dans un contentieux relativement complexe. L'association des avocats Elena a en effet demandĂ© au Conseil d'Ătat l'annulation de la dĂ©libĂ©ration du 5 novembre 2019 par laquelle le conseil d'administration de l'Office français de protection des rĂ©fugiĂ©s et apatrides OFPRA a fixĂ© la liste des pays considĂ©rĂ©s comme Ă©tant des pays d'origine sĂ»rs. En principe, une personne originaire de l'un de ces pays ne peut obtenir l'asile, dĂšs lors qu'il "veille au respect des principes de la libertĂ©, de la dĂ©mocratie, de l'Ă©tat de droit, ainsi que des droits de l'homme et des libertĂ©s fondamentales". Durant l'instruction de ce recours pour excĂšs de pouvoir, la mĂȘme association requĂ©rante demande l'abrogation partielle de cette dĂ©libĂ©ration, portant sur l'ArmĂ©nie, la GĂ©orgie et le un premier arrĂȘt du 2 juillet 2021, le Conseil d'Ătat annule la dĂ©libĂ©ration en tant qu'elle maintient sur la liste les RĂ©publiques du BĂ©nin, du SĂ©nĂ©gal et du Ghana. Pour la GĂ©orgie et l'ArmĂ©nie, il sursoit Ă statuer renvoie Ă la section du contentieux les conclusions Ă fin d'abrogation. PrĂ©cisĂ©ment, l'arrĂȘt du 19 novembre 2021 est essentiel dans la mesure oĂč il dĂ©clare recevables les conclusions Ă fin d'abrogation. Mais il ne prĂ©sente aucun intĂ©rĂȘt immĂ©diat, car le Conseil refuse cette abrogation. L'ArmĂ©nie et la GĂ©orgie demeurent donc sur la liste des pays d'origine sĂ»re, car le juge ne constate pas de dĂ©gradation significative de la situation politique dans ces l'on se rassure. Il n'est pas nĂ©cessaire de prĂ©senter un intĂ©rĂȘt immĂ©diat pour ĂȘtre qualifiĂ© de "Grand ArrĂȘt". C'est le raisonnement du Conseil d'Ătat qui est nouveau, car il nuance fortement le principe traditionnel selon lequel la lĂ©galitĂ© d'un acte administratif s'apprĂ©cie Ă la date Ă laquelle il a Ă©tĂ© pris. Cette rĂšgle est parfaitement logique si l'on considĂšre que le recours pour excĂšs de pouvoir s'analyse comme un "procĂšs fait Ă un acte", selon la formule bien connue d'Edouard LaferriĂšre. La consĂ©quence en est que l'annulation, si elle intervient, s'applique erga omnes et non au seul point d'aboutissement d'une jurisprudence ancienneCette rĂšgle, dans sa rigueur mĂȘme, prĂ©sente toutefois l'inconvĂ©nient de ne pas toujours permettre au Conseil d'assurer le respect du principe de lĂ©galitĂ©. La rapporteure publique, Sophie Roussel, met ainsi en Ă©vidence l'exigence posĂ©e par l'arrĂȘt Dame Lamotte de 1950, aux termes duquel le recours pour excĂšs de pouvoir a pour objet d'"assurer, conformĂ©ment aux principes gĂ©nĂ©raux du droit, le respect de la lĂ©galitĂ©". Pour assurer le respect de la lĂ©galitĂ© actuelle, et non pas de la lĂ©galitĂ© ab initio Ă la date de l'acte, le juge administratif a dĂ©veloppĂ© plusieurs jurisprudences de contournement, Ă©volution commencĂ©e avec l'arrĂȘt Despujol dĂšs 1930. Le contentieux du "refus de faire", permet ainsi Ă un administrĂ© de demander l'abrogation ou la modification d'un acte. Le silence gardĂ© sur cette demande permet alors de lier le contentieux et de susciter un arrĂȘt sur la lĂ©galitĂ© actuelle de l'acte. Cette brĂšche a ensuite Ă©tĂ© Ă©largie par une jurisprudence constante, jusqu'Ă l'arrĂȘt d'AssemblĂ©e Association des AmĂ©ricains accidentels du 19 juillet 2019. Celui-ci affirme dĂ©sormais clairement que le contentieux des dĂ©cisions de refus s'apprĂ©cie au regard des rĂšgles applicables non plus Ă la date des faits mais Ă la date de l' dĂ©cision Association Elena du 19 novembre 2021 Ă©largit encore cette jurisprudence au contentieux du recours pour excĂšs de pouvoir traditionnel, et non plus seulement au contentieux du refus de faire. Il prĂ©cise donc que "saisi de conclusions Ă fin d'annulation recevables" il peut Ă©galement, Ă titre subsidiaire, ĂȘtre saisi de "conclusions Ă fin d'abrogation". Il peut alors prononcer lui-mĂȘme l'abrogation de l'acte s'il constate un "changement de circonstances de droit ou de fait postĂ©rieur Ă l'acte contestĂ©". Cette Ă©volution offre ainsi une nouvelle possibilitĂ© de contester un acte devenu illĂ©gal et de demander directement au juge son abrogation, quand bien mĂȘme il serait rapporteure publique fonde cette Ă©volution sur une analyse trĂšs gĂ©nĂ©rale du principe de lĂ©galitĂ©. Sur le fond, l'importance de l'arrĂȘt pourrait d'ailleurs ĂȘtre nuancĂ©e. En abrogeant l'acte devenu illĂ©gal, le Conseil d'Ătat ne fait que rappeler Ă l'administration son obligation d'abroger un acte devenu illĂ©gal, obligation affirmĂ©e dĂšs l'arrĂȘt Ponard du 14 novembre 1958. Le Palais Royal. François-Ătienne Villeret. circa 1850 La politique jurisprudentielleLes causes de cette Ă©volution ne doivent pas ĂȘtre recherchĂ©es dans le seul contentieux administratif mais plutĂŽt dans la politique jurisprudentielle. Il s'agit sans doute de redresser la barre, Ă un moment oĂč le contentieux administratif est dominĂ© par la procĂ©dure de rĂ©fĂ©rĂ©, jugĂ©e plus rapide et plus efficace que le recours pour excĂšs de pouvoir. Les conclusions de la rapporteure publique Ă©voquent ainsi un risque de "dĂ©monĂ©tisation du recours pour excĂšs de pouvoir", observant, Ă juste titre, que le juge des rĂ©fĂ©rĂ©s exerce un contrĂŽle moins Ă©tendu. Elle oublie d'ajouter qu'il statue le plus souvent seul, et qu'il lui arrive d'Ă©carter des demandes par une "ordonnance de tri" qui intervient sans aucune audience. Sophie Roussel observe plus largement que "le rapport au temps des justiciables et de leur juge a changĂ©". Elle dĂ©nonce un recours pour excĂšs de pouvoir "figĂ© dans une orthodoxie conceptuelle". L'arrĂȘt Association Elena a donc pour finalitĂ© de dĂ©construire l'image d'une juridiction coupĂ©e du contexte dans lequel elle rend ses dĂ©cisions, et Ă©loignĂ©e des attentes des requĂ©rants. Une telle motivation semble tout Ă fait d'actualitĂ©, Ă une Ă©poque oĂč le Conseil d'Ătat fait l'objet d'une certaine contestation, accusĂ© d'ĂȘtre au coeur d'un "Ătat profond" bien Ă©loignĂ© des prĂ©occupations des citoyens. Donnant une image positive du juge administratif-protecteur-des-libertĂ©s, on peut penser que la dĂ©cision a de bonnes chances de rejoindre le cortĂšge admirable des "Grands ArrĂȘts".Sur le contrĂŽle du juge administratif Chapitre 3, section 3, § 1, B du Manuel de LibertĂ©s publiques sur internet.
Eton sait aussi que depuis quelques annĂ©es se produisent des tirs accidentels plus nombreux mais mortels entre enfants Ă la maison et qui peuvent ĂȘtre trĂšs jeunes Câest hallucinant. chargement RĂ©pondre. Madalton dit : 02/09/2019 Ă 10:25. En Floride, un pĂšre a tuĂ© accidentellement son fils de 14 ans quand une douille a rebondi sur le mur et est revenu dans
L'effort du minarm pour les opĂ©rations d'Ă©vacuation a concernĂ© 143 patients atteints du covid-19, soit 22,5% du total Ă©vacuĂ© pour tous les modes possibles. C'est un effort rĂ©el, de consommation de potentiel de matĂ©riel aĂ©rien qu'on sait rare, et pas toujours disponible, par ailleurs, mais aussi humain, si l'on considĂšre que les militaires doivent aussi s'entraĂźner Ă leur prochain mandat, passant d'une guerre sanitaire Ă une guerre tout court. A ce stade, ces opĂ©rations de transfert sanitaire sont interrompues, elles peuvent nĂ©anmoins reprendre Ă tout moment. Tout en rappelant qu'elles peuvent aussi ĂȘtre mobilisĂ©es pour d'autres causes. Selon nos restitutions, l'armĂ©e de terre a rĂ©ussi un beau tour de force avec 48 patients 24 missions, pour trois CaĂŻman du 1er RHC et du GAMSTAT engagĂ©s. Chaque mission transportait deux patients. L'armĂ©e de l'air a Ă©vacuĂ© les deux tiers du total, mais avec beaucoup plus de vecteurs 3 Caracal deux patients par mission, 2 Puma un, un Atlas six, un A330 MorphĂ©e six et un Casa Nurse 6. Les unitĂ©s impliquĂ©es sont l'EH 1/67 PyrĂ©nĂ©es, l'EH 1/44 Solenzara, la 64e escadre de transport, la 31e ERTS dont son escadron 1/31 Bretagne. L'A330 MorphĂ©e et l'Atlas ont assurĂ© leurs premiĂšres missions d'Ă©vacuation avec une configuration nouvelle. Aucune de ces missions n'auraient Ă©tĂ© possibles sans les dĂ©contaminations rĂ©alisĂ©es par les pompiers de l'air et le 2e Dragons. La marine avait rĂ©servĂ© deux CaĂŻman Marine de la 31F et de la 33F, mais ils n'ont pas Ă©tĂ© demandĂ©s par les ARS. Le solde des Ă©vacuations a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par le couple SAMU/SNCF avec des renforts de la protection civile, de la protection civile, de la SNSM et de la Croix Rouge qui prĂ©sentait l'avantage de pouvoir d'un coup Ă©vacuer un grand nombre de malades. Les Dragon de la SĂ©curitĂ© civile ont Ă©tĂ© aussi trĂšs actifs un patient par vol ainsi que les SAMU volants opĂ©rĂ©s par les acteurs privĂ©s. L'armĂ©e de l'air a aussi assurĂ© des missions de transfert de soignants en KC-130J du 2/61 Franche-ComtĂ©, et a reçu Ă©galement l'appoint, pour un mois, de deux Falcon privĂ©s de Dassault Aviation. Par ailleurs, hier, l'association Aviation sans FrontiĂšres, qui souffle ses 40 bougies, a Ă©galement engagĂ© les moyens de ses partenaires pour transporter des soignants aux quatre coins de la France. Mes infops et photos sur le twitter defense137.LaDrug Enforcement Administration (DEA) avait alors dĂ©clarĂ© que cette nouvelle rĂ©glementation chinoise pouvait changer la donne et entraĂźner une baisse des overdoses des consommateurs amĂ©ricains. La DEA avait confirmĂ© prĂšs de 400 saisies de carfentanil dans huit Ătats amĂ©ricains entre juillet et octobre 2016.
Un vote en forme de reconnaissance de neuf annĂ©es de calvaire fiscal. LâAssemblĂ©e nationale a adoptĂ© mercredi 27 juillet un amendement condamnant lâextraterritorialitĂ© du droit amĂ©ricain et ses effets sur plusieurs dizaines de milliers dâ AmĂ©ricains accidentels ». Ces Français, souvent nĂ©s aux Ătats-Unis mais qui nây ont passĂ© que quelques mois ou quelques annĂ©es, se retrouvent soumis Ă lâimpĂŽt outre-Atlantique, mĂȘme sans y avoir jamais groupes dâopposition se sont unis face Ă la majoritĂ© pour faire adopter lâamendement, contre lâavis du gouvernement. Câest une premiĂšre victoire, car cela fait deux ans que je pousse pour que cet amendement soit prĂ©sentĂ© en commission des finances ou en sĂ©ance, se rĂ©jouit Fabien Lehagre, prĂ©sident de lâAssociation des AmĂ©ricains accidentels AAA. La reprĂ©sentation nationale a, pour la premiĂšre fois, ouvertement condamnĂ© lâextraterritorialitĂ© de la lĂ©gislation amĂ©ricaine. »Protection des donnĂ©esSelon lâAAA, prĂšs de 40 000 Français seraient ainsi des AmĂ©ricains accidentels. Ces derniers sont placĂ©s dans une position dĂ©licate. Depuis 2013, la France autorise en effet les banques Ă transmettre les donnĂ©es bancaires et financiĂšres des personnes concernĂ©es Ă lâadministration fiscale amĂ©ricaine conformĂ©ment au Facta Foreign Account Tax Compliance Act entrĂ© en vigueur trois ans plus tĂŽt ne pas ĂȘtre assujettis Ă lâimpĂŽt aux Ătats-Unis, ces AmĂ©ricains accidentels sont contraints de se lancer dans une longue et coĂ»teuse bataille administrative pour renoncer Ă la citoyennetĂ© de lâoncle Sam ». Pour Ă©viter les ennuis, certaines banques renoncent mĂȘme Ă leur ouvrir un compte. En vertu de la Constitution française, les traitĂ©s ne sont applicables que sâils entrent en vigueur de maniĂšre rĂ©ciproque, relĂšve Fabien Lehagre. Or, ce nâest pas le cas de lâaccord passĂ© avec les Ătats-Unis. » Un argument renforcĂ© par le fait que, selon le prĂ©sident de lâAAA, le Facta ne respecte pas le rĂšglement europĂ©en de la protection des donnĂ©es RGPD. Quelques heures avant lâexamen de lâamendement, lâAAA a dâailleurs dĂ©posĂ© un nouveau recours devant le Conseil dâĂtat pour contester la conformitĂ© du Facta avec le derniĂšres annĂ©es, lâassociation a multipliĂ© les procĂ©dures judiciaires pour tenter de faire valoir les droits des AmĂ©ricains accidentels. En juillet 2019, lâorganisation a dĂ©posĂ© un recours devant le Conseil dâĂtat, pour lequel lâAAA a Ă©tĂ© dĂ©boutĂ©. Trois mois plus tard, lâassociation a dĂ©posĂ© une plainte contre la France devant la commission europĂ©enne. La plainte est toujours Ă©tudiĂ©e Ă banques entre le marteau et lâenclumeLors de lâexamen de lâamendement, le ministre de lâĂ©conomie, Bruno Le Maire, sâest montrĂ© inquiet de cette condamnation de lâextension du droit amĂ©ricain. Il assure que le texte votĂ© nâaura aucun effet juridique. Et estime mĂȘme quâil va crĂ©er un sentiment dâinsĂ©curitĂ© » pour les banques, prise entre lâenclume de la rĂ©glementation française et le puissant marteau des demandes amĂ©ricaines. En allant au bout de la dĂ©marche, on rentre dans un flou juridique », reconnaĂźt Fabien Lehagre. Les banques ne pourront pas envoyer les informations bancaires des personnes concernĂ©es directement au fisc amĂ©ricain. Elles pourraient se voir sanctionnĂ©es par les AmĂ©ricains Ă hauteur 30 % des flux financiers issus des Ătats-Unis. Mais de lâautre cĂŽtĂ©, si elles continuent de transmettre les donnĂ©es, elles tomberaient sous le coup du RGPD et encourraient une sanction europĂ©enne sous la forme dâune amende Ă©quivalente Ă 4 % de leur chiffre dâaffaires mondial. »Si lâamendement survit Ă la navette parlementaire, il nâest pas dit quâil permette de soulager le quotidien des AmĂ©ricains accidentels. Lâamendement aurait davantage une portĂ©e symbolique », explique le prĂ©sident de lâAAA. Mais celui-ci veut croire quâil pourrait surtout inciter le gouvernement Ă accĂ©lĂ©rer les nĂ©gociations avec lâadministration amĂ©ricaine. »
SujetĂ©pineux pour Netflix, les sous-titres. Ce problĂšme nâest pas nouveau pour la plateforme adepte de sous-titrage jugĂ© « low-cost » â Ă bas prix donc, mais aussi de qualitĂ© moyenne voire mauvaise selon les programmes. En effet, la qualitĂ© peut varier dâune Ćuvre audiovisuelle Ă lâautre. DĂ©but 2019, lâAtaa (Association Des scĂšnes de sauvagerie et de bestialitĂ© dĂ©solent nos campagnes. On pille, on viole, on assassine, toute sĂ©curitĂ© a disparu aussi bien Ă domicile que par nos chemins. C'est une vĂ©ritable terreur qui sĂšme l'Ă©pouvante. L'exaspĂ©ration des populations est Ă son comble. » Le 17 octobre 1944, quatre mois et demi aprĂšs le DĂ©barquement en Normandie, La Presse cherbourgeoise, quotidien local de Cherbourg, publie cette mise en garde sous le titre TrĂšs sĂ©rieux avertissement ».Ă l'automne 44, ceux qui pillent, violent et assassinent sont les AmĂ©ricains le journal accuse les libĂ©rateurs de se comporter en soudards dans un pays conquis. Comment un tel paradoxe deux mois aprĂšs la fin des combats en Normandie ?Une fois libĂ©rĂ©s, la presqu'Ăźle du Cotentin et son port sont devenus une gigantesque base logistique. Sur les quais, un millier d'officiers et marins amĂ©ricains assurent, avec les dockers français, le dĂ©barquement quotidien de 10 000 tonnes de vĂ©hicules, munitions, nourriture. Le 29 septembre 1944, 1 318 camions GMC en partance de Cherbourg acheminent vers les troupes alliĂ©es du front 8 000 tonnes de matĂ©riel. Sur les premiers kilomĂštres de la Red Ball Highway Express », la route du front, dĂ©filent hĂŽpitaux, dĂ©pĂŽts, aĂ©rodromes, camps de repos, chaĂźnes de rĂ©paration pour tanks et entrepĂŽts du Cotentin mobilisent des militaires en nombre les 430 000 habitants du dĂ©partement de la Manche cohabitent avec 120 000 soldats amĂ©ricains, dont 50 000 Afro-AmĂ©ricains. D'emblĂ©e, la cohabitation, qui s'est prolongĂ©e jusqu'en 1946, ne s'annonce pas facile L'enthousiasme des Normands pour les forces anglo-amĂ©ricaines risque de s'inverser proportionnellement Ă la durĂ©e de notre sĂ©jour en Normandie », prĂ©vient dĂšs l'Ă©tĂ© 1944 la 1re armĂ©e blessuresAuteur du livre La Normandie amĂ©ricaine, fruit de nombreux tĂ©moignages et d'archives dĂ©pouillĂ©s aux Ătats-Unis, l'historien StĂ©phane Lamache, 52 ans, met en relief le choc entre le Nouveau Monde et la vieille Europe D'un cĂŽtĂ©, de jeunes AmĂ©ricains trĂšs sĂ»rs d'eux-mĂȘmes, dotĂ©s en masse de matĂ©riels modernes tant en vĂ©hicules qu'en moyens de transmissions dĂ©jĂ miniaturisĂ©s. Une AmĂ©rique au top de son histoire. En face, des familles normandes Ă©voquant Maupassant avec paysans en sabots, maisons au sol en terre battue et chevaux tirant des charrues. AprĂšs quatre ans d'occupation et le choc des bombardements, les Normands ont perdu leurs repĂšres. Ȉ LIRE AUSSIDonald Trump en Normandie pour le 75e anniversaire du DĂ©barquementLa LibĂ©ration a Ă©tĂ© payĂ©e au prix du sang et des destructions massives dans la Manche, 4 000 morts civils, le double de blessĂ©s, 10 000 maisons rasĂ©es, 50 000 autres endommagĂ©es, 130 000 sinistrĂ©s qui n'ont plus rien. AprĂšs ce cataclysme, les Normands n'aspirent qu'Ă ĂȘtre dĂ©barrassĂ©s de la guerre. Les AmĂ©ricains visent la victoire finale sans plus se prĂ©occuper des Ă©tats d'Ăąme des habitants », note StĂ©phane Lamache. Les graines du divorce sont premiĂšres blessures relĂšvent de l'amour-propre. Les GI, qui organisent des bals sous tente avec plancher, mettent en place des tournĂ©es en GMC pour amener les jeunes femmes sous leurs guinguettes. Mais pas ou peu de place pour les jeunes Normands. Le stade de Cherbourg devient un enjeu. Au terme de quatre mois de nĂ©gociations, les mardi et jeudi sont rĂ©servĂ©s aux footballeurs cherbourgeois. Un mardi de mai 1945, une violente bagarre Ă©clate entre joueurs de base-ball amĂ©ricains, campant sur place, et footballeurs qui rĂ©clament les lieux. La Presse cherbourgeoise compare les libĂ©rateurs avec les occupants prĂ©cĂ©dents On ne peut pas dire que les relations [avec les Allemands] Ă©taient cordiales mais elles furent correctes. Ȉ la rentrĂ©e scolaire 1945, l'Ă©tat-major alliĂ© le Shaef pour Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force annonce vouloir maintenir dans plusieurs Ă©coles des dĂ©tachements de la Military Police, qui y sont installĂ©s depuis la LibĂ©ration Maintenant que nous sommes en paix, nous ne pouvons pas tolĂ©rer que les militaires aient le pas sur la population civile », tonne le maire de Cherbourg, RenĂ© et agressionsSuivent les querelles financiĂšres et matĂ©rielles. Fin aoĂ»t 1944, les AmĂ©ricains emploient 7 000 travailleurs civils pour 75 francs par jour et une ration militaire. Avec 100 francs, les Allemands payaient mieux » constatent les ouvriers. L'Organisation Todt, chargĂ©e de construire le mur de l'Atlantique, n'avait pas lĂ©sinĂ© sur les moyens. Rapidement, les Français seront remplacĂ©s par des prisonniers de guerre allemandsâŠLes stocks amĂ©ricains suscitent des convoitises. Trop. Le 6 aoĂ»t 1944, treize dockers sont arrĂȘtĂ©s pour le vol de 984 paquets de cigarettes et 188 savonnettes. Sanction de quinze jours Ă un mois de prison. DĂ©rober un jerrycan d'essence vaut quatre mois de prison. Le marchĂ© noir de l'Occupation continue On peut faire fortune aux dĂ©pens des AmĂ©ricains », souligne StĂ©phane multiples agaceries rĂ©ciproques auraient pu rester sans consĂ©quence sans les bruyantes rafales tirĂ©es en l'air par des soldats ivres, mais surtout les morts accidentelles. Bien que les routes militaires soient interdites aux civils, on ne compte plus les victimes des camions amĂ©ricains un enfant de 8 ans tuĂ© le 27 aoĂ»t 1944, une mĂšre de famille le 11 septembre, un cycliste le 30 septembre, pour ne citer qu' d'accidents soigneusement rapportĂ©s par La Presse cherbourgeoise plus discrĂšte Ă propos des violences et agressions par les troupes amĂ©ricaines. Du moins jusqu'Ă son trĂšs sĂ©rieux avertissement » du 17 octobre 1944 sur les pillages, viols et assassinats. Le gĂ©nĂ©ral français, Alphonse Juin, transmet l'article au gĂ©nĂ©ral Eisenhower avec ce commentaire C'est le sentiment de tous les habitants de la Manche et de la Normandie au contact des AmĂ©ricains. » Mais il n'y aura pas de grand LIRE AUSSIBayeux le soldat Ă©tait inconnu Ă cause d'une faute d'orthographeSĂ©grĂ©gationLes autoritĂ©s amĂ©ricaines se disent Ă©mues des crimes dont se rendent coupables les militaires de couleur sic » et rĂ©pliquent dans le mĂȘme journal en dĂ©clarant la guerre Ă l'alcool pour enrayer la criminalitĂ© ». Une façon aussi de dĂ©noncer le comportement mercantile des Normands qui vendent de l'eau-de-vie et l'inefficacitĂ© des pouvoirs publics français. PremiĂšres mesures le couvre-feu est ramenĂ© Ă 22 heures puis 18 heures ; la vente d'alcool aux soldats est interdite. Un cafĂ© de Carentan qui enfreint l'interdiction est fermĂ© six rĂ©ponse aux exactions touchant les femmes, la justice militaire amĂ©ricaine frappe fort le 23 novembre, trois GI sont condamnĂ©s Ă mort pour le viol de deux victimes en juillet 1944, prĂšs de Cherbourg. En aoĂ»t sont recensĂ©s dix-huit viols. Selon la gendarmerie, on en dĂ©nombre trente-cinq en septembre et sept en octobre. Dans les campagnes, plus aucune femme ne veut aller traire les vaches seule le soir dans les LIRE AUSSIDu vin "D Day" aux "attractions" 1944, le dĂ©barquement c'est aussi de l'argentAuteur de Les Manchois dans la tourmente 1939-1945, l'historien Michel Boivin a recensĂ© 206 viols d'origine amĂ©ricaine. Selon la Military Police, 80 Ă 85 % des crimes graves viol, meurtre ont Ă©tĂ© commis par des troupes de couleur ». L'armĂ©e amĂ©ricaine des annĂ©es 1940 est, Ă l'image du pays, sĂ©grĂ©gationniste. Ă Cherbourg, on compte deux foyers de la Croix-Rouge un pour les soldats blancs, un pour les noirs. Dans sa recherche de criminels, la police militaire s'est-elle montrĂ©e plus comprĂ©hensive pour les premiers que pour les seconds ? Les soldats de couleur cantonnĂ©s Ă la logistique ont stationnĂ© de longs mois dans le Cotentin, territoire Ă©troit, alors que les combattants n'y ont que transitĂ©. La gendarmerie locale avait recommandĂ© l'ouverture de maisons closes, les autoritĂ©s amĂ©ricaines s'y sont alliĂ©s de 1944 s'apprĂȘtent Ă fĂȘter le 75e anniversaire du DĂ©barquement et ses scĂšnes d'allĂ©gresse. Ne serait-il pas temps d'Ă©voquer des Ă©pisodes plus sombres ? 7fUjVli.